L'église St Grégoire de Tesson, date, dans sa souche, du XIIe et peut-être du XIe siècle, mais ce qui subsiste des parties visibles accuse le XIIIe siècle avec remaniements au XIVe et au XVe. Le clocher actuel a été construit vers 1880 dans un style romano-gothique où l'abondance de clochetons, de fenêtres à auvent, de pans coupés et de balustrades remplace l'intérêt archéologique absent. Il s'élève sur le côté de la nef, dans l'angle Ouest du croisillon gauche.
Cet édifice, dédié à Saint Grégoire, est bâti sur un plan classique, nef, unique, transept avec absidioles, chœur et abside demi-circulaire. La façade de pur style saintongeais et très belle de lignes comprend un vaste portail en plein cintre flanqué de deux baies aveugles, une galerie au premier étage et un pignon. Les arcs de la galerie n'existent plus; à la construction du pignon, au XVIIIe siècle, ils ont été supprimés.
Cette façade, encadrée de hautes colonnes séparées, est malheureusement obstruée, comme trop d'églises à l'heure actuelle, par les arbres, qui plantés au moment de la sppression des cimetières, masquent aujourd'hui, ici une façade, là une abside, ailleurs un détail intéressant. Les municipalités, conscientes de l'honneur d'avoir sur leur sol de pareilles œuvres d'art, devraient, non seulement les entretenir, mais les dégager et s'ingénier à les mettre en valeur.
Les cinq voussures du portail, simplement ornées d'un cordon de pointes de diamant, s'appuient sur des colonnes élevées sur une banquette. Au-dessus, des colonnes sans arcature, uniques ou doubles, surmontées de chapiteaux à crochets, ont des tailloirs très élargis qui forment autant de consoles. A chacune des extrémités du mur plein du pignon, terminé par une croix à écusson, se dresse une statue. Une n'a pas échappé aux mutilations.
La nef compte deux travées voûtées sur croisées d'arcs ogivaux à trois tores qui, avec les formerets, retombent sur deux fortes colonnes et deux plus petites terminées par des chapiteaux à crochets ou à garniture de feuillages. Les petites supportent des arcs latéraux qui encadrent chacun une fenêtre en plein cintre. Au sommet des murs s'ouvrent en outre — détail rare en Saintonge — de curieux petits oculus d'un dessin inaccoutumé ; l'un à la forme d'un croissant et s'inscrit dans une circonférence ; un autre imite un trèfle à quatre feuilles. Ces ouvertures ont été ajoutées à l'époque de la réfection des voûtes, c'est-à-dire au XIVe siècle.
Dans le carré du transept, quatre massifs de huit colonnes sont reliés par des arcs en ogive. Ce carré, aujourd'hui voûté comme les travées de la nef, était primitivement couvert d'une coupole que surmontait l'ancien clocher détruit pendant la guerre contre les Anglais. Ce clocher avait chaque face de son étage orné de deux fenêtres en plein cintre avec cordon. La base du premier étage est encore visible.
Les volumineux massifs qui limitent le carré du transept sont remarquables. Les colonnes de grosseurs différentes ont toutes des chapiteaux dont l'ornementation de feuilles d'acanthe ou de guirlandes perlées prolongée sur les plats des pilastres forme frise. Cette décoration très fine, très soignée, produit malgré de nombreuses mutilations, un grand effet artistique.
Le transept, très profond, donne à l'ensemble la forme d'une croix grecque. Les croisillons, voûtés en berceau brisé, prennent jour par des fenêtres en plein cintre. L'absidiole de celui de gauche présente deux curieux petits chapiteaux qui surmontent les colonnettes de l'arc d'entrée. Leurs gros tailloirs bien travaillés se prolongent en un joli cordon sculpté tout autour de la demi-circonférence et s'avancent en onglet sur lequel s'appuie la base de la voûte en cul-de-four.
Cette absidiole est extérieurement ornée de quatre groupes de deux fines colonnes jumelées formant légers contreforts.